N’avez-vous jamais été tenté de jeter un œil sur l’étiquette de votre jean ou de votre T-shirt ?
Peut-être à la lecture de cette première phrase, avez vous deviné de quoi il est question dans cet article. Il est alors probable que vous refermiez cette page, avec un geste d’impatience, pensant avoir affaire à un énième article moralisateur contenant la liste noire des marques à boycotter pour être en accord avec une politique respectueuse des droits humains et de la nature. Dans ce cas, détrompez-vous car tel n’est pas notre intention.
Dans le cas contraire, intrigué, sans doute que vos habits aient étés fabriqués si loin, vous ferez peut-être une petite recherche Google qui vous mènera à la conclusion que derrière ce « made in, Bangladesh » écrit en caractères minuscules sur le revers de l’étiquette se cachent bien souvent des pratiques peu reluisantes…
La semaine dernière, le groupe Shein (prononcé shi-in) a ouvert une boutique éphémère à Paris dans le marais. Si des milliers d’habitués et de curieux se sont pressés aux portes de ce temple de la consommation, cet événement n’est pas sans rappeler les controverses liée au géant chinois du textile aux 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
L’entreprise Shein a connu un succès international ces dernières années et pour cause: ses imitations Vivienne Westwood à 1€ et ses T shirts à 5 € ne laissent pas les 15-26 ans indifférentes dans un contexte de crise et d’inflation.
Pourtant, si vous tendez l’oreille vous entendrez les brides à demi étouffées des plaintes dénonçant le délit d’ d’esclavage moderne et de crime contre l’humanité.
Ces accusations ont pris plus d’ampleur ces derniers temps. Notamment sous l’impulsion des Etats Unis dont l’attention a été éveillée par des rumeurs concernant la possible entrée de Shein en Bourse.
Le parlement Américain dénonce des conditions de travail terribles: des employés exploités harcelés, pressurisés, des semaines de 126 heures pour un salaire de 18€ par jour pour les plus chanceux.
Shein est également accusé de recourir au travail forcé des Ouïgours, et au travail des enfants. Accusations vivement rejetées par Shein.
Les organisations écologistes tirent eux aussi la sonnette d’alarme. En effet, le 08 mai dernier, les militants écologistes du groupe Extinction Rébellion ont manifesté devant les portes du pop up store Shein, dénonçant « l’impacte social écologique et sanitaire de la multinationale ». D’après une étude parue récemment, Shein serait à l’origine de 22% de l’empreinte carbone des adolescents.
Et malgré tout, ce sont des milliers de jeunes femmes qui continuent à acheter des articles issus de la Fast Fashion. Pourquoi? « Il est évident que ce n’est pas au consommateur de changer mais aux politiques » s’exclame une jeune femme interviewée dans la file d’attente longue de plusieurs centaines de mètres. Comme la plupart des jeunes de son âge, elle dénonce une politique économique incitant à consommer ces produits de mauvaise qualité aux conséquences sociales et écologiques désastreuses. Et en effet, derrière cette controverse, derrière les sacs remplis à craquer, les militants écologistes allongés par terre, les tags sur les murs, les magasins bondés et les conditions désastreuses des ouvriers Chinois se cache une problématique plus complexe qui interroge nos modes de consommation. Elle soulève un défi d’ampleur impliquant un changement en profondeur dans nos habitudes de consommation et surtout de surconsommation.
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Arte: fast faction: les dessous de la mode à bas prix
Sources :
Charlie Hebdo :
Déposition photo :
Lois Lane