Valve cardiaque, cœur, rein… Nos organes ne sont pas immortels, ils peuvent même mourir avant nous. La science cherche depuis des années une solution pour que la pratique de greffe soit plus performante avec moins de rejets. Plusieurs techniques ont été testées, des greffes artificielles (qui ne fonctionnent pas dans une grande majorité des cas), les greffes d’organes humains sont soumises à certaines conditions. En effet, les organes ne sont prélevés que sur les morts ou sur les volontaires. On assiste donc à une pénurie d’organes face à la grande demande de greffes
La xénogreffe, une pratique qui représente l’avenir de la greffe d’organe chez les Humains ?
Pour faire face à la pénurie d’organes, certains scientifiques veulent utiliser des cochons génétiquement modifiés, cela va permettre d’avoir des organes compatibles au corps humain. Mais nous sommes confrontés au rejet de ces organes. Selon Science et Avenir, la xénogreffe a été longtemps considérée comme trop complexe, à cause de notre faible connaissance du système immunitaire. Désormais, grâce à une meilleure appréhension du système immunitaire, des essais de greffe d’organes de chimpanzés ont pu être réalisés. Cette avancée a permis à une femme de vivre et de continuer à exercer son métier d’institutrice selon Hugo Jalinière, journaliste de Science et Avenir.
Le cochon est pour l’instant l’animal qui nous offre un avenir favorable dans la xénogreffe. En effet, grâce à certaines modifications de gènes, les organes de cochons peuvent être compatibles avec notre corps. Tout comme le démontre le cas d’un homme de 50 ans qui était en état de mort cérébrale, et qui a reçu une greffe de rein de cochon sur lequel 10 modifications ont été pratiquées, selon Julie Kern, cheffe de la rubrique de santé de Futura Sciences.
Mais cela nous amène à la question de l’éthique : «Les femmes n’existent pas pour faire le ménage pour les hommes ; les personnes de couleur n’existent pas pour fournir un travail bon marché pour les blancs ; les animaux n’existent pas pour fournir de la nourriture, du travail et des organes pour les personnes. », cite Christine Koorsgard, une philosophe déontologiste d’Harvard dans le journal Vox. Mais certains philosophes voient la xénogreffe comme de l’utilitarisme (le fait de maximiser le bonheur de la majorité d’une population).
Au final, la xénogreffe pourrait permettre de mettre un terme à cette pénurie d’organes et de sauver des milliers de vies chaque année, mais cela est-il juste pour les animaux, n’ont-ils pas le droit de vivre sans être vus comme des « réservoirs à organes » ?
Cependant, malgré les avancées scientifiques, des douzaines de personnes meurent chaque jour en attente de greffe, plus de 90 000 personnes sont en attentes pour une greffe de reins aux États-Unis, selon Futura. Cela ne veut pas dire qu’un future proche, où les greffes d’organes sont plus accessibles, ne va jamais voir le jour, mais qu’il nous faut encore du temps pour que cette pratique soit sûre.
BBC afrique : La xénotransplantation : les porcs sont-ils l’avenir des transplantations d’organes ? James Gallagher, Inside Health, BBC Radio 4, 17 mars 2022
Science et avenir : La révolution des greffes d’organes issus d’animaux Par Hugo Jalinière le 14.05.2022
Agrobioscience : Greffes d’organes animaux : un débat qui prend corps Débat du 9/01/2023 Actes des débats Avec : Jean-Michel Besnier , Fabien Milanovic , Olivier Bastien
Futura : Des médecins réussissent une xénogreffe expérimentale de rein de cochon sur un humain par Julie Kern, le 17 août 2023
Vox : Is it okay to harvest pig kidneys to save human lives? We’re starting to grow pigs to take their organs and put them in humans. Wait, what? By Dylan Matthews Oct 28, 2021